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Centre d'Etude et de Protection des Oiseaux, Bienne et environs

Estonie 2014 :


Voyage du CEPOB en Estonie - 24 au 31 mai 2014.


cliquez sur la carte pour l'afficher en grand.


(les numéros entre parenthèses renvoient à ceux figurant sur la carte de l’itinéraire)

Parmi les destinations de voyage (ornitho), l’Estonie n’est pas la première qui vienne à l’esprit lorsque, en comité ou en fin de soirée de conférence, nous partageons nos délires et envies de voyages inassouvis. Et pourtant, ce plat pays, à peine un peu plus grand que la Suisse mais sept fois moins peuplé, recèle quantité de richesses naturelles cachées derrière le décor quelque peu austère d’un paysage essentiellement agricole et forestier où sept décennies de collectivisme communiste ont laissé des traces encore visibles de nos jours. L‘Estonie, ce n’est pas non plus la Grèce orientale ni l’Espagne sur le plan climatique. Tallinn, la capitale, affiche en effet une latitude supérieure à celle du nord de l’Ecosse, presque équivalente à celle de Stockholm. Donc, c’est le Nooooord...

Qu’à cela ne tienne, à notre arrivée à l’aéroport de Tallinn (1) ce samedi après-midi 24 mai 2014, le thermomètre flirtait allègrement avec les 30°C à l’ombre d’un soleil brillant dans un ciel bleu sans nuage. Le climat estonien est continental : s’il y fait très froid en hiver, il peut aussi faire très chaud en été.
Le temps de faire connaissance avec notre guide local, Kareel Võhandu, et sans plus tarder deux minibus emportaient les 14 cépobiens et cépobiennes participant à cette virée nordique vers la côte ouest de l’Estonie. Le Pics à dos blanc n’avait qu’à bien se tenir, nous arrivions !
Quelques heures plus tard, confortablement Installés au village de vacances de Roosta (2), un ensemble de petits bungalows installés dans la forêt boréale de pins à quelques pas de la plage, tout le monde a pu profiter à loisir d’un magnifique coucher de soleil sur la Baltique tout en effectuant nos premières observations.

Les deux jours suivants ont été particulièrement intenses et riches en observations ornithologiques. De la pointe nord de la petite péninsule de Põõsaspea (3) aux vastes roselières de la baie de Matsalu (6 et 7), en passant par les prairies côtières de Põgari-Sassi (4), le pâturage séchard à genévriers de la pointe de Puise (5), les prés boisés et marécageux de Viita (7), les forêts marécageuses de Leidissoo et les landes cultivées de Variku (8), ou encore le petit lac en pleine ville de Haapsalu (9), le compteur des espèces observées s’emballait.
Parmi les plus remarquables retenons la Macreuse brune, la Harelde boréale, l’Eider à duvet, le Harle huppé, le Grèbe esclavon dans leur livrée nuptiale, le Pygargue à queue banche, la Grue cendrée, les Goélands argenté et marin, la Mouette pygmée, la Sterne arctique, le Phragmite des joncs, la Locustelle fluviatile, la Fauvette épervière, le Rossignol progné, le Gobemouche nain (chant) et le Roselin cramoisi.
Les mammifères n’étaient pas en reste puisque, au fil de nos escapades, nous avons croisé le chemin d’un Elan femelle, d’un Sanglier, d’un Lièvre brun, d’un Chevreuil et de quelques Castors. Nous avons eu l’occasion d’observer ces derniers lors d’une balade en barques à moteur dans les rivières qui parcourent les immenses étendues de roselières de la baie de Matsalu (7). Cette « croisière » fut également agrémentée d’un souper, sous forme d’un excellent pot-au-feu savouré à bord, au milieu de la roselière et aux abords d’une colonie de Mouettes rieuses et pygmées, dans la chaude ambiance d’une fin de journée ensoleillée.

Lundi 26 l’après-midi, nous mettions le cap sur l’Estonie du sud-est et la petite ville de Tartu (10), avec son hôtel Hansa installé à un jet de pierre de la rivière Ema. Une petite balade vespérale le long des rives boisées de l’Ema nous aura permis de bien nous familiariser avec les chants de la Locustelle fluviatile et du Rossignol progné et de tenter encore notre chance avec le Pic à dos blanc. Mais c’est un Pic épeiche qui a répondu à notre appel.

Mardi matin 27, tôt (5h30), le thermomètre affichait un petit 7°C sous un ciel gris. 20°C de moins en une nuit, de quoi nous rappeler un peu brutalement que le temps peut changer rapidement dans le nord ! Mais pas de quoi effrayer les cépobiens. La matinée fut consacrée dans un premier temps aux zones humides autour du petit lac d’Aardla (11), juste au sud de la ville de Tartu. Les champs et prairies humides aux alentours du lac résonnaient du chant du Râle des genêts dans la fraîcheur matinale. Notre guide Kaarel ayant passé le chant du Râle des genêts avec son iPod, un Râle des genêts a soudain bondi hors du champ de luzerne pour passer en vol devant nous et se poser dans le champ de l’autre côté du chemin que nous suivions. Magnifique observation d’un oiseau habituellement extrêmement discret. Un peu plus, loin, sur les berges d’un large fossé de drainage envahi de végétation flottante, Kaarel repérait un petit oiseau élancé et jaune : la Bergeronnette citrine. Quant à la réserve naturelle d’Aardla, découverte du haut d’une tour d’observation, elle nous permettait d’observer une belle brochette de canards de surface, quelques Oies rieuses en retard sur leurs congénères en migration (les oies étaient 50'000 à Aardla un mois plus tôt !), des Guifettes noires et des Hirondelles de rivage. Et avant de quitter ce site, une Rousserolle des buissons nous aura tenus en alerte pendant au moins une demi-heure devant... un buisson ! Nous aurons fini par l’entrapercevoir brièvement, mais non sans nous laisser un petit sentiment de frustration. Pas pour longtemps cependant. En chemin pour notre prochaine étape, nous nous sommes arrêtés un instant aux abords d’un petit massif forestier potentiellement habité par le Pic à dos blanc. De Pic nous ne vîmes point, mais un beau Loriot tout de jaune et noir vêtu s’époumonait dans la forêt riveraine voisine et un peu plus loin, au pied du talus de la route, un petit oiseau tout brun, perché au sommet de quelques ronces, égrenait son chant râpeux, entrecoupé d’une courte mélopée plus flûtée : une Rousserolle des buissons nous a ainsi laissé tout loisir d’en observer les caractéristique, effaçant du coup la petite frustration de tout à l’heure.

La matinée se poursuivait par une plongée, à pied sur un sentier surélevé en planches, dans la réserve forestière de Järvselja (12). Cette forêt marécageuse a la particularité de ne plus avoir été exploitée depuis plus de 50 ans, laissant la nature reprendre pleinement ses droits. Les arbres ont ainsi le temps de devenir grands, de mourir et de tomber, donnant à la forêt un aspect un peu fantastique et mystérieux. Un lieu idéal pour le Pic à dos blanc. Mais, mais, mais, voilà. Là encore pas de Pic. Par contre, nous aurons eu la confirmation que le Chevalier cul-blanc portait bien son nom allemand de « Waldwasserläufer », puisqu’un couple était installé dans une zone plus clairsemée de la forêt marécageuse et alarmait sur notre passage. Pour nous qui sommes habitués à voir les chevaliers courir les grèves de vase sur les rives de nos lacs, cette vision avait quelque chose d’étrange et de fascinant.

Le temps de lever une Bécasse des bois et nous ressortions de la forêt, tout en profitant d’écouter les nombreux oiseaux qui chantaient et assuraient l’ambiance sonore : Grives litorne, musicienne et mauvis, Merle noir, Troglodyte, Rougegorge, Sittelle, Gobemouche gris et noir, Torcol, Rossignol progné, Hypolaïs ictérine, Roitelet huppé, Accenteur mouchet, Roselin cramoisi, Bouvreuil et Chardonneret entre autres.

Le dîner fut l’occasion d’une visite intéressante dans un ancien site industriel restauré et transformé en musée et centre artistique : une ancienne fabrique de vodka, la Mooste Viinavabrik (13), avec dans le hall d’entrée un lustre fait de 770... verres à vodka. Et, la soirée s’annonçant longue, l’après-midi fut passé au repos à l’hôtel (sauf pour deux individus qui s’en allèrent encore une fois sur les rives boisées de l’Ema, à la recherche du plus en plus mythique Pic à dos blanc, mais rentrèrent bredouilles).
Après un excellent souper au Ülikooli Cafe de Tartu, nous reprenions la route pour les étangs piscicoles d’Ilmatsalu (14) à une dizaine de km à l’est de Tartu. De quoi rajouter à notre liste d’espèces déjà bien fournie le Grèbe jougris et la Grande Aigrette. Et le crépuscule arrivant gentiment, nous fîmes une halte prolongée dans la campagne en banlieue de Tartu, dans un champ accueillant cette année un couple de Bécassine double. Las, la météo quelque peu glaciale en cette fin de soirée et la saison déjà bien avancée auront calmé les ardeurs de la Bécassine qui ne se sentait manifestement pas l’âme à parader ce soir-là.

Mercredi 28 au matin, avant de mettre le cap au nord-est, nous tentions encore une fois notre chance le long du cordon boisé de grands saules qui borde la rivière Ema, juste au sud de Tartu, à la recherche du Pic à dos blanc. Mais c’est une Rémiz penduline, fort jolie ma foi, qui nous fit l’honneur de se montrer.
Comme nous n’étions pas pressés, Kaarel nous proposa une balade dans le magnifique parc arboré du cimetière de Tartu, un haut lieu de l’ornithologie locale, puisque des cours de détermination des chants d’oiseaux s’y donnent dans le cadre des études universitaires en écologie. Magnifique ambiance que celle de ce cimetière, entre pierres tombales agrémentées de fleurs (souvent en plastique ; on est au nord et le climat est rude) et vieux arbres moussus au pied desquels se déploient les frondes de majestueuses fougères. La liste des oiseaux observés ou entendus est assez longue, mais deux espèces méritent une mention particulière : tout d’abord un splendide Pouillot verdâtre, qui nous a laissé tout loisir de l’observer dans sa quête chantonnante dans la frondaison des grands arbres, et un Pic, à couronne rouge-rose, au dos strié de blanc... mais aux épaules à large tache blanche : Pic mar !
La pluie fut notre compagne de voyage pour tout l’après-midi entre Tartu et Rakvere (15), notre prochaine étape, au nord-est de l’Estonie. Autant dire que nous avons apprécié la chaleur et l’abri des mini-bus qui nous ont amené à bon port. En route, nous avons malgré tout croisé le chemin d’un Renard roux, mulot ou campagnol dans la gueule, probablement la pitance pour ses jeunes.

A partir de Rakvere, l’équipe des cépobiens se scindait en deux groupes : l’un profitait d’un moment de libre en ville avant de s’en aller passer la nuit dans l’affût à l’ours à Oandu (16), tandis que l’autre partait sur les traces des Polatouches, les écureuils volants, sous la conduite experte d’Udo Timm, zoologue spécialiste de ces mammifères méconnus. Passionné (ensorcelé dit-il de lui-même) par ces créatures mystérieuses, Udo nous a emmenés dans les forêts toujours plus rares qui hébergent encore une population de Polatouches, dans la région d’Oonurme (17 et 18). Il faut en effet une conjonction de facteurs particuliers pour permettre à ce minuscule écureuil de vivre : des arbres, de préférence des peupliers, suffisamment vieux et donc au tronc suffisamment gros et pourri au coeur pour que les Pics (à dos blanc ?) y creusent leur loge ; quelques années de plus afin de permettre à l’arbre de créer un bourrelet de cicatrisation autour du trou de la loge pour en réduire le diamètre à exactement 32 mm (juste de quoi passer la tête du Polatouche, mais pas celle de la Martre) ; et des Epicéas en sous-bois qui croissent autour du tronc qui accueille la loge et masquant cette dernière pour la protéger du regard des prédateurs potentiels.
Cet ensemble de facteurs explique pourquoi les populations de Polatouches sont en régression en Estonie, face à la cadence beaucoup trop rapide des coupes rases qui ne laissent pas le temps aux arbres de pousser suffisamment et à la forêt de se structurer pour créer les conditions de vie adéquates pour les écureuils volants. Il aura ainsi fallut 7 ans à Udo avant de voir son premier Polatouche ! Heureusement pour nous, au fil des 25 années passées à arpenter les forêts estonienne, Udo a fini par répertorier plusieurs sites à Polatouches et même à en équiper quelques-uns d’un microémetteur. Grâce à cet artifice, et à l’aide d’une antenne télémétrique, Udo peut retrouver son protégé et même détecter les mouvements subtils de l’animal juste avant qu’il ne sorte de son trou. Et c’est ainsi que nous avons eu l’occasion non seulement de voir un Polatouche grimper le long du tronc et nous observer, tête en bas, mais également d’apprécier les qualités de sauteur et de planeur de cet animal décidément bien fascinant !

Et sur le chemin du retour, de nuit, l’après-midi ayant été ensoleillé et ayant chauffé les routes goudronnées, nous avons pu observer tout à loisir et à deux reprises, dans le rai de lumière des phares, deux Engoulevents qui se réchauffaient à même le goudron, sans s’envoler avant que notre minibus ne soit à quelques mètres seulement de l’oiseau.
Quant à l’affût à l’ours, les nuits y furent courtes et bien animées. Assez confortablement installés derrière nos « meurtrières » vitrées, nous avons eu tout loisir d’observer des Chiens viverrins (un petit chien, un peu hybride entre la queue de renard, le corps en grosse saucisse à fourrure épaisse monté sur de courtes pattes, et une tête rappelant celle d’un Raton laveur), et, pour l’un des deux groupes de cépobiens, un gros Sanglier et un gros Ours brun mâle, et pour l’autre groupe, 6 Ours bruns ! Le spectacle fut largement à la hauteur de nos espérances.

Enfin, au cours de nos balades de l’après-midi dans les forêts à Polatouches, dans la région aux anciennes fermes abandonnées de force (merci Staline...) de Peressaare (17), à l’ouest d’Oonurme, nous avons également eu le plaisir de voir par deux fois un Lièvre variable et, cerise sur le gâteau, un animal à la démarche féline, qui marchait puis trottait dans notre direction, au loin sur une route de terre battue rectiligne : le Lynx !

Vendredi 30, il fallait songer au retour et nous reprîmes la route vers l’ouest, en direction de Tallinn. Une halte en cours de route nous permis encore de découvrir les extraordinaires paysages de tourbières de Suursoo et de Viru Raba (19 e 20), au tapis de mousses tout en nuances d’ocre, de verts et de brun, parsemés de centaines de petits étangs aux eaux tourbeuses noires et d’innombrables petits pins sylvestres, comme autant de bonzaïs sur une estampe chinoise. Le Chevalier sylvain, perché sur les pins, le Chevalier gambette, alarmant au loin, et le Pluvier doré en vol nuptial sur la tourbière contribuaient à l’ambiance sonore de ces lieux hébergeant des Rossolis, petites plantes carnivores aux poils glanduleux collants.

Arrivée dans l’après-midi à Tallinn, toute l’équipe à peine réunie se séparait à nouveau en deux groupes : l’un s’en allant pour une visite guidée de la vieille ville de Tallin, l’autre profitant de ce dernier après-midi pour une ultime séance d’observation ornithologique dans la réserve naturelle de la péninsule de Paljassaare (21). Une balade agrémentée d’une magnifique observation du Butor étoilé, chantant perché bien en évidence au haut d’une touffe de roseaux avant de s’envoler au-dessus de la roselière. Splendide observation qui ravit même notre guide Kaarel, à qui va toute notre gratitude pour sa compétence et sa présence tout au long de la semaine !

Bilan chiffré : 155 espèces d’oiseau et 12 espèces de mammifères, sans compter le mulot dans la gueule du renard (voir les listes ci-après) ; quelques bières ; de bons repas dans des environnements conviviaux ; deux minibus confortables et fiables ; deux guides compétents et sympathiques ; et 14 cépobiens et cépobiennes ravis.
Reste au moins une bonne raison pour retourner en Estonie : un certain Pic à dos blanc... ;o)

Philippe Grosvernier

 

 

Liste des observations Oiseaux : cliquez ici pour ouvrir le fichier Excel

Liste des observations Mammifères : cliquez ici pour ouvrir le fichier Excel

 

 

photos: Ando et Philippe Grovernier


PMOC estonien.


Affût à l'ours.


Tourbière de Suursoo.


Rossolis : plante carnivore.


Bergeronnette printannière.


Mouette pygmée.


Mouette pygmée.


Renard au mulot.


Tourbière de Suursoo.


 

 

photos: Michel Gigon

 


 
 
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